Les
hommes de Gargas ont utilisé plusieurs
techniques
pour dessiner leurs figures. Parfois ces techniques sont associées
sur un même panneau ou un même animal. Le tracé
au doigt
est employé sur les surfaces d'argile tendre. Un support
plus dur nécessitait l'emploi
d'un instrument
fabriqué dans un matériau résistant comme
le silex. Selon la forme de l'extrémité de l'instrument
de gravure les tracés obtenus sont différents
: fin, épais ou multiple. Dans certains cas, en multipliant
les tracés sur une petite surface, les hommes produisaient
un effet
de grattage ou de raclage.
L'association
de ces techniques permet de jouer sur le contraste entre le
gris du calcaire et l'ocre de l'argile et de créer des
effets de volume. De plus, pour certaines figures, le dessinateur
a utilisé un relief naturel de la paroi pour donner du
volume ou compléter sa figure.
La
datation des gravures de Gargas a été rendue possible
par comparaison de leur style avec celui des gravures de plaquettes
trouvées par l'abbé H. Breuil lors des fouilles
dans le niveau du Périgordien avec pointes de la Gravette.
Partant de ce repère chronologique et stylistique, C.
Barrière a précisé la chronologie.
Les
tracés digitaux et les gravures au trait simple seraient
les figures les plus anciennes, de la fin de l'Aurignacien ou
du début du Gravettien. La faune représentée
ne comprend que des bovidés et des bisons.
Dans
un deuxième temps, au Gravettien, les figures sont représentées
de manière plus détaillée. La silhouette
est complète et le dessinateur fait figurer ¶il, oreille,
poils, articulations voire sabots. Il cherche aussi à
exprimer le mouvement par la disposition des pattes. La troisième
phase, toujours au Gravettien, est plus remarquable au plan
esthétique. Les dimensions des animaux sont plus grandes
et les figures résultent de l'utilisation combinée
de plusieurs techniques.
Au
total C. Barrière a recensé cent quarante-huit
figures certaines. Le cheval est l'espèce la plus
représentée (29 %). Puis viennent le bison (24%), les bovidés (12%), les bouquetin
(10%) et les cervidés (6%). La présence dans ce
bestiaire de six mammouths et de deux oiseaux est à remarquer.
D'autres espèces comme le sanglier, l'ours, le félin,
le rhinocéros et le mégacéros ne sont représentées
qu'une fois. Les animaux dessinés sont significatifs
de la faune que pouvaient observer les chasseurs du paléolithique.
Pour autant, il n'existe pas de lien avéré entre
la chasse et l'art pariétal. A Gargas les animaux représentés
ne sont pas ceux dont on a retrouvé les ossements lors
des fouilles. Ainsi, le renne est absent des parois alors qu'il
compte pour 38% de la faune chassée par les hommes du
Gravettien.
La
plupart de ces gravures sont réalisées les unes
sur les autres. On ne s'explique par cet enchevêtrement
pourtant caractéristique de l'art pariétal paléolithique.
Il ne semble pas dicté par des contraintes techniques,
ni être le résultat d'une succession de figures.
Au contraire la superposition apparaît comme une démarche
volontaire.
|